Niveau de pollution relative des différents types de piscines

En France, la réglementation impose un contrôle microbiologique et chimique régulier de l’eau dans les établissements recevant du public. Pourtant, malgré ces protocoles stricts, des foyers épidémiques de légionellose ou d’irritations cutanées continuent d’être recensés chaque année. Les procédés de désinfection, loin d’être uniformes, varient selon le type de bassin et modifient la composition chimique de l’air et de l’eau ambiants.

La ventilation, la fréquentation et le choix des produits de traitement influencent directement le niveau de pollution mesuré dans chaque installation. Les piscines couvertes présentent notamment des contraintes particulières en matière de gestion des sous-produits chimiques.

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Comprendre les sources de pollution dans les piscines collectives

Dans une piscine publique, la diversité des contaminants s’exprime pleinement : la promiscuité, les traitements chimiques et la multitude d’apports organiques façonnent un environnement où l’eau se charge, jour après jour, de nouveaux éléments. Corps en mouvement, crèmes solaires, textiles synthétiques, chaque passage dans le bassin laisse son empreinte. Le chlore, utilisé partout pour désinfecter, n’agit pas seul : il transforme la matière organique en une myriade de sous-produits de désinfection qui s’invitent dans l’air et l’eau.

Dans cet univers fermé, la trichloramine (NCl3) s’impose : son odeur âcre est le premier signal, sa présence dans l’air une réalité moins perceptible mais bien plus pesante. Dès que le chlore croise l’azote organique, sueur, urine, peaux mortes, la réaction chimique s’enclenche. L’eau, elle, accueille la famille des trihalométhanes (THM) : chloroforme, dichlorobromométhane, chlorodibromométhane, bromoforme. Ces composés ne s’accumulent pas au hasard ; leur concentration dépend directement du renouvellement de l’eau et de la densité de baigneurs.

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Voici les principales catégories de polluants que l’on retrouve dans une piscine collective :

  • Pollution chimique : résulte des produits utilisés pour traiter l’eau, des sous-produits issus du chlore, mais aussi de la présence persistante des trihalométhanes.
  • Pollution organique : tout ce que les baigneurs laissent derrière eux, cheveux, urée, résidus de cosmétiques ou fibres de maillots.
  • Pollution biologique : micro-organismes venus des corps ou de l’environnement qui circulent dans l’eau et sur les abords du bassin.

La qualité des eaux de baignade n’est donc jamais acquise. Elle oscille en permanence entre efficacité de la désinfection et gestion des apports extérieurs. Plus l’affluence est forte, plus la charge organique grimpe, et avec elle les niveaux de trichloramine ou de trihalométhanes. Une piscine saturée de nageurs n’aura jamais la même signature chimique qu’un bassin peu fréquenté, même avec les mêmes procédés de traitement.

Quels risques sanitaires pour les usagers et le personnel ?

Au-dessus des bassins, la trichloramine (NCl3) plane en silence. Ce gaz irritant, fruit du mariage entre le chlore et les impuretés organiques, n’est pas un simple désagrément olfactif : il provoque picotements des yeux, irritations des muqueuses, et n’épargne ni les nageurs du dimanche, ni ceux qui travaillent au bord de l’eau. Les maîtres-nageurs et le personnel technique, exposés quotidiennement, paient le prix fort : toux persistante, difficultés respiratoires, asthme peuvent devenir leur lot. Les enfants et les femmes enceintes, plus fragiles, sont particulièrement concernés.

L’exposition ne s’arrête pas à ce qui flotte dans l’air. Dans l’eau, les trihalométhanes (THM) soulèvent d’autres préoccupations. Le chloroforme, classé comme cancérigène probable, se retrouve dans chaque éclaboussure, même à faibles doses. L’accumulation progressive de ces substances interroge sur les conséquences d’une fréquentation régulière, notamment chez les plus jeunes.

À cela s’ajoutent les risques liés à la promiscuité et à l’humidité : mycoses, verrues plantaires, infections cutanées prolifèrent dans les vestiaires et sur les margelles, même avec une hygiène rigoureuse. La concentration des usagers et le climat humide forment un terrain idéal pour leur transmission.

Pour mieux cerner les dangers, voici les principaux risques rencontrés dans les piscines collectives :

  • Irritations oculaires et cutanées : la trichloramine est souvent à l’origine de ces désagréments chez baigneurs et employés.
  • Pathologies respiratoires : toux, essoufflement, asthme, surtout relevés chez les professionnels ou les usagers assidus.
  • Risques infectieux : les mycoses et verrues sont favorisées par l’humidité et la densité humaine dans les espaces partagés.
  • Exposition à des substances classées : le chloroforme, parmi les trihalométhanes, soulève des questions sur une exposition chronique.

Procédés de traitement : impacts sur la qualité de l’eau et de l’air

La qualité de l’eau et de l’air dans les piscines publiques se joue sur plusieurs fronts. Si le chlore règne en maître pour désinfecter, sa contrepartie réside dans la formation de sous-produits comme la trichloramine (NCl3) et les trihalométhanes (THM), dont le fameux chloroforme. Les autorités sanitaires surveillent de près ces paramètres, conscients que l’équilibre reste fragile.

Certains procédés alternatifs, à l’image du rayonnement ultraviolet (UV) ou de l’ozone, limitent la production de trichloramine. Pourtant, la déchloramination UV peut aussi, à l’inverse, augmenter la présence de certains THM, notamment le chloroforme. Le charbon actif tire son épingle du jeu : il réduit à la fois le chlore combiné, la trichloramine et les trihalométhanes, apportant une réponse plus complète.

La ventilation joue un rôle décisif sur la qualité de l’air intérieur. Selon l’ASHRAE, un débit d’air minimal de 60 m³/h par personne est recommandé pour limiter l’accumulation des polluants volatils. Température de l’air, humidité, température de l’eau : chaque paramètre doit être ajusté pour éviter que les chloramines ne se concentrent dans l’atmosphère du bassin.

Les principales étapes de traitement et de contrôle dans une piscine collective incluent :

  • Filtration : retient les particules en suspension et réduit la charge organique.
  • Désinfection chimique : garantie de sécurité sanitaire, mais génératrice de sous-produits indésirables.
  • Traitements complémentaires (UV, ozone, charbon actif) : apportent une réponse ciblée pour limiter certains polluants spécifiques.
  • Ventilation : indispensable pour disperser les composés volatils et préserver la santé de tous les occupants.

Le suivi, assuré par le Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris (LHVP), analyse trichloramines et THM pour dresser, bassin après bassin, la carte précise de la pollution relative des différents types de piscines. Derrière les éclats du carrelage bleu, la réalité chimique des piscines collectives s’impose, appelant à repenser chaque étape de gestion pour protéger baigneurs et professionnels. On ne sort jamais tout à fait pareil d’un plongeon dans une piscine publique : l’eau, l’air, et ce qui y circule, laissent toujours leur trace.